Le papier

Comme pour toute conférence (je suppose), l'étape initiale est la soumission d'un papier. Dans mon cas, le nombre de résultats à présenter étant assez faible (et étant un tantinet en retard sur la deadline), nous avons décidé de soumettre pour la présentation d'un poster.

Le style n'est clairement pas libre, un article de 4 pages en respectant les règles de présentation de l'éditeur Springer : 10 pages de consignes sur la taille du texte, la numérotation des figures et des pages, les marges, etc.

Après une semaine de dure labeur, l'article est prêt ; à ceci près, qu'il fait 4 pages, sans la bibliographie, qui à elle seule prend une page (merci les marges latérales de 5 centimètres...) ! On est parti pour une phase qui est pire que du débugage de fuite mémoire. On élague le contenu et on réduit le nombre de références. On y est presque, 3 lignes sont encore sur la cinquième page. Maintenant chaque mot compte pour que les fins de paragraphes coïncident avec les fins de lignes.

Une demi-journée de compilation LaTeX plus tard (heureusement qu'il n'y a que 5 pages et pas tout une thèse), le résultat tiens sur 4 pages, et l'ensemble reste cohérent. On peut soumettre.

Je me suis prévu une journée de marge avant la clôture des soumissions, on est jamais trop prudent. Mais voilà, ç'aurait été trop facile. Le site de dépôt est fermé, sans autre information. Un mail et une journée plus tard, la soumission des papiers courts se fait par mail parce qu'en fait le site de dépôt était prévu pour les papiers longs et que les soumissions longues sont closent depuis une semaine.

30 juillet 2015, le papier est soumis. Date officielle des notifications, 15 jours plus tard.

3 semaines plus tard, toujours aucune nouvelle. Petit tour sur le site, finalement la deadline des papiers courts a été déplacé au 20 août, et les notifications d'acceptation au 1^er septembre. Il va falloir patienter encore un peu... Finalement, la décision tombe 10 jours plus tard, mon papier est accepté. Seule remarque du relecteur : Corrigez les fautes d'orthographe.

Le poster

Pas d'information sur le poster, ça change des règles strictes de formatage de l'article. On va donc partir sur du classique, du format A0. OK, mais avec quoi on crée de beaux posters à un tel format ? LaTeX et Beamer, très peu pour moi, j'ai déjà donnéIl faut vraiment que je rédige ce post sur mes déboires avec LaTeX.. On me conseille PowerPoint, mais pour faire des trucs jolis en utilisant LibreOffice Impress, on repassera.

Fort de mon expérience dans la refonte de mon blog, je me dis pourquoi pas du HTML/CSS. Je télécharge donc à nouveau Bootstrap 3 et commence à modifier quelques trucs pour mieux correspondre à mon cas d'usage : taille de texte par défaut de 30pt, couleur d'accentuation principale, etc. Au passage j'en profite également pour supprimer quelques parties, notamment les extensions JavaScript, qui sont très mal gérée sur papier. :-P

Reste plus qu'à créer le contenu. On dit souvent qu'une image vaut mieux qu'un long discours. En revanche on dit moins souvent que certains discours sont très difficile à imager. À mon grand désespoir, après moult tentatives, je n'arrive pas à trouver des images pertinentes à inclure dans mon poster ; on se contentera de beaux diagrammes en noir et blanc...

Voilà le poster terminé, passons au format PDF pour pouvoir aller l'imprimer. Problèmes :

• Chrome ne supporte l'export PDF qu'aux formats A4, A3 et quelques formats américains...
• L'export PDF via la fenêtre de dialogue système d'Ubuntu, ne permet pas de gérer les marges, et me rajoute donc des marges de 2 cm (contre les 5 millimètres initialement prévus).
• Le rendu sous Firefox n'est pas le même que sous Chrome, et est bien moins esthétique.
• Lors de l'export PDF, les ombres portées des éléments HTML créent de gros blocs gris...

Beaucoup de problème pour un simple export. Commençons par le plus simple, le problème des ombres portées. En cherchant sur Internet, je trouve qu'il suffit de rajouter deux lignes de CSS pour corriger ce problème. Mais ça rend l'ensemble de l'élément sur lequel il est appliqué un peu flou... Quelques lignes plus tard, j'ai contourné le problème, en créant un pseudo-élément :before qui gère l'ombre portée. Ça complique un peu inutilement le CSS mais au moins ça marche.

Concernant le rendu sous d'autres navigateurs, je laisse tombé pour l'instant, je n'ai pas trop le temps de m'en occuper, la conférence approche.

L'ajout de marges trop larges par Ubuntu est un problème mineur. Le rendu n'est pas strictement celui que je veux, mais ça a au moins le mérite de m'exporter quelque chose dans un format proche du A0. On le garde en solution de secours.

Finalement, Chrome est basé sur Chromium qui est un projet open-source. Pourquoi ne pas me compiler ma propre version de Chromium qui supporte l'export PDF au format A0 (et tant qu'à faire aux formats A5, A2 et A1). Qu'a cela ne tienne, je me lance dans le développement de Chromium ; récupération du code source, modifications du code, compilation. Quelques plantages plus tard de mon PCJe n'aurais jamais cru qu'une simple compilation C++ puisse consommer autant de ressources pendant aussi longtemps, j'ai enfin une version de Chromium qui supporte l'export au format A0 avec des marges personnalisables. J'en profite au passage pour publier mes modifications, qui sont encore en cours d'approbation à l'heure où j'écris ces lignes.

De cette expérience de création de poster en HTML/CSS naitra une idée de projet, Vinyl. Un framework de création de papiers, posters, présentations en HTML/CSS. J'essaierai d'en faire un article plus complet un de ces jours.

Après avoir surmonté tous ces problèmes, j'ai finalement réussi à créer mon poster au format PDF.

La conférence

Crédit : Ambient Intelligence 2015

Le jour J arrive enfin. Départ pour Athènes via Francfort à 10 h 30. Pour ceux que ça intéresse, les tubes à poster sont largement acceptés comme bagage à main même si vous avez déjà un sac. J'avais choisi ma place dans l'avion lors de mon check-in grâce à un petit site internet. La pertinence du choix me laisse assez dubitatif ; je ne suis pas sûr que la personne devant moi ait trouvé le voyage moins confortable.

Je m'étais laissé dire qu'AmI attirait de moins en moins de personnes d'année en année. Ça s'est confirmé. Le workshop de la première journée n'a accueilli qu'une dizaine de personnes malgré un accès sans pré-inscription. La séance de présentation des papiers attirera, elle, près d'une cinquantaine de participants, ce qui est relativement faible si l'on compare à d'autres conférences du même domaine (UbiComp, PerCom, et co).

La séance de présentation des posters a lieu le premier jour, pendant la pause repas... Une heure trente, de présentation aux chalands qui ont le courage de ne pas écouter leur estomac et de s'arrêter devant ses grands morceaux de papiers non animés... 5 discussions et 2 cartes de visites plus tard, les conférences reprennent ; mon heure de gloire est passée.

La journée se termine par la diner de gala, une bonne occasion de créer quelques liens avec d'autres chercheurs pour occuper les temps morts de la soirée et de la journée de conférences suivante.

Samedi, retour à l'aéroport. Go Back Home.

Autant être clair, AmI n'est pas LA conférence où être. En revanche, pour une première expérience, c'est plutôt agréable ; la pression n'est pas trop forte, la thématique relativement large, les présentations pas trop techniques.

Et toi, es-tu déjà allé à AmI ? Quelle en était ton expérience ? Y a-t-il d'autres conférences que tu as préférées ; où tu souhaiterais être accepté ? N'hésite pas à m'en toucher deux mots dans les commentaires.